2489 ! C’est le nombre de visiteurs enthousiastes et curieux qui ont franchi les portes de notre temple pendant les Journées Européennes du Patrimoine (JEP). Nous saluons le travail réalisé par Danielle, Dominique, Joëlle, Mireille, Simone L. et Thierry S., du groupe Accueil, inspirés par Jean Héritier, dont nous avons repris les éléments. Ce fut également l’occasion pour les nombreux touristes présents de découvrir les œuvres présentes dans l’atrium à l’occasion de la Biennale d’art contemporain.

Couple d'émigrés huguenots à Bad Karlshafen © Musée huguenot de Bad Karlshafen
Afin d’ouvrir le temple aux Journées européennes du patrimoine (JEP) dont le thème était cette année : « Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions », quelques participants du groupe accueil ont préparé une exposition sur le nouveau sentier de randonnée nommé « Sur les pas des Huguenots et des Vaudois ».
Ce sentier suit au plus près, tout au long de ses 2000 km, le tracé historique de l’exil des Huguenots et des Vaudois après 1685 (date de l’édit de Fontainebleau révoquant l’édit de Nantes de 1598). Au départ du Poët-Laval (Drôme) et de Mialet (Gard), le cheminement passe par Genève, traverse la Suisse, les « Länder » du Bade-Wurtemberg et de laHesse jusqu’à Bad Karlshafen. Arrivant des vallées piémontaises, le
sentier « Via Valdesi » rejoint le cheminement des Huguenots près de la frontière suisse.
Le sentier de randonnée est le résultat d’une coopération entre les pays traversés. Par la création de musées dont celui de Bad Karlshafen, il se veut être un chemin de mémoire. L’exposition présente les causes et les conditions de l’exil, les voies d’exil, les pays du Refuge, essentiellement calvinistes, souvent affaiblis, en Europe tout au moins, par les guerres et les épidémies du XVIIe siècle. L’exposition présente les aides reçues des pays d’accueil, les chemins d’errance des Vaudois et les souffrances de ces 200 000 Huguenots, (calvinistes français), exilés définitifs. Le nombre de 200 000 représente approximativement le ¼ de la population calviniste de France à la fin du XVIIe siècle, soit seulement 1% de la population du royaume, catholique alors à 96% ; il est à comparer aux 30% de réformés de 1550, avant les guerres de religion.
Ce fut un exil définitif car « exil interdit », ce qui a fortement frappé les contemporains, à une époque où une certaine liberté de circulation prévalait malgré l’intolérance ambiante. Le fanatisme des conseillers de Louis XIV a fait que les « hérétiques » devaient rester dans le royaume de France, se convertir et abandonner leurs enfants à des instructeurs catholiques. Pire, si le pays d’accueil était envahi par les troupes françaises, les Huguenots devaient fuir de nouveau pour éviter l’emprisonnement, comme ce fut le cas au Palatinat, « ravagé » par les troupes de Louvois.
L’intolérance était généralisée dans toute l’Europe mais la liberté de pensée pointait avec les écrits de Pierre Bayle, réfugié huguenot en Angleterre, qui, dès 1685, prônait la tolérance civile à l’égard de toutes les confessions chrétiennes, du judaïsme, de l’islam et même pour les athées. Cette idée semble acceptée par les princes germaniques comme le grand électeur du Brandebourg et le prince de Hesse. Ce n’est qu’un siècle plus tard, en 1790, que les réfugiés huguenots se virent concéder la possibilité de rentrer en France en recouvrant la nationalité française, et de rentrer en possession de leurs biens ; mais leur nombre fut très faible, les descendants s’étant complètement assimilés aux pays du refuge.