Jusqu’où va l’amour ?
Paul Ricoeur nous invitait à distinguer les relations courtes et les relations longues.
Les relations courtes, c’est simple : ce sont les personnes de notre entourage, familial, amical, communautaire. Et là-même ce n’est pas toujours simple. Souvenons-nous que dans la Bible, l’histoire humaine commence par un fratricide. Aimons-nous tous ceux avec qui nous partageons la communion eucharistique ? Et notre entourage professionnel ? C’est encore plus problématique…
Les relations longues : ce sont ceux dont nous ne connaissons pas les noms, noms que probablement nous ne connaîtrons jamais, que nous ne voyons pas, qui nous sont étrangers. Peut-on les aimer ? La parabole dite du bon samaritain nous raconte l’histoire d’un étranger (il n’y avait pas de relation entre juifs et samaritains) qui vient en aide à un voyageur agressé et blessé, probablement juif, mais le texte ne le spécifie pas ; en tout cas un humain comme lui, dont il se rapproche, se refusant à l’ignorer, comme les passants précédents, qui pourtant étaient des religieux.
Comment mettons-nous cela en pratique dans notre vie quotidienne ?
Ce sont les chrétiens du Burkina Faso qui nous proposent cette réflexion. Eux sont une minorité dans un monde musulman. Et en plus ils sont constamment attaqués par des groupes armés, fanatiques musulmans, mais aussi brigands cruels. Qui doivent-ils aimer, les chrétiens du Burkina Faso ? Si aimer c’est établir une relation d’amour, peut-on établir une telle relation avec des fanatiques cruels ?
Décidément, aimer son prochain comme soi-même, ce n’est pas simple.
Après avoir écouté nos intervenants (3 participants catholiques burkinabés et Samuel Kpoti, pasteur de la paroisse de l’EPUdF Est lyonnais) discuté avec eux et entre nous, nous verrons peut-être un peu plus clair dans cette difficile question.
C’est en tout cas ce que nous nous souhaitons.
texte de Jacques Walter