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Les protestants à Lyon
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Dès le 2ème siècle, une communauté chrétienne est attestée à Lyon. En 177 ont lieu les procès et martyres des premiers chrétiens de Gaule, dont la plus connue est Blandine.
Les protestants reconnaissent un précurseur en Pierre Valdo (fin 12ème – début 13ème siècle). Ce riche marchand lyonnais décide d’abandonner tous ses biens aux pauvres et prêche la pauvreté à ses concitoyens, priant et lisant les textes bibliques dans la langue de tous les jours. Pierre Valdo est une figure qui se rattache aux grands mouvements de la pauvreté évangélique, comme celui de François d’Assise.
On ne trouve pas trace de la Réforme à Lyon avant 1520-1525, date à laquelle est signalée l’importation de « livres hérétiques ». Les idées nouvelles apparaissent seulement en 1524 (à Paris en 1521), avec la prédication du carême à Sainte-Croix, à coté de Saint-Jean.
Début 1540 : trois « hérétiques » sont brûlés à Lyon, mais on ne sait rien d’eux…
1546 : le premier pasteur présent à Lyon est Pierre Fourneret, avec une cinquantaine de fidèles.
1552 : cinq pasteurs venant de Lausanne et Genève gagnent le sud-ouest de la France ; trahis, ils sont arrêtés à Lyon et exécutés en mai 1553 aux Terreaux.
A Lyon, la Réforme prend un caractère particulier. Les éléments populaires et le monde des imprimeurs adhèrent les premiers. Ils entraînent à leur suite quelques familles de notables bourgeois, y compris des Consuls, qui deviendront les chefs du « parti protestant ».
A partir de 1559, la situation se tend, les incidents se multiplient. La nuit du 29 au 30 avril 1562, c’est « le coup de force protestant ». La ville sera administrée pendant 13 mois par 12 consuls protestants.
Juin 1563 : Lyon finit par se soumettre à l’autorité du Roi.
Cependant, le 10 août 1563, tout le protestantisme français est présent à Lyon pour le 4e synode national.
Les protestants sont alors autorisés à construire trois temples ; un à Bourneuf (temple « Fleur de Lys »), un aux Terreaux sur les fossés de la Lanterne (où l’on trouvera en 1991 des restes de corps inhumés près du temple), et un sur le tènement Paradis (rue Establerie) connu grâce au tableau de Jean-Jacques Périssin exposé au Musée international de la Réforme à Genève (ci-contre).
Qualifier de « difficile » la cohabitation entre catholiques et protestants est un euphémisme…
Février 1567 : sac du temple des Terreaux, puis « coup de force catholique » de la Saint-Michel, avant même le début de la seconde guerre de religion. Les Protestants sont fichés, certains expulsés, et ils n’ont plus le droit d’exercer librement leur culte dans la Cité.
Août 1572 : les « Vêpres Lyonnaises » font quelques centaines de victimes. Les plus célèbres sont le pasteur Jacques Langlois, à Lyon depuis 1563, assassiné sur le pont de Saône et jeté à l’eau, ainsi que Claude Goudimel, l’harmonisateur des Psaumes de la Réforme.
Le culte protestant est interdit à Lyon. Les protestants devront aller à Oullins, puis à Saint Romain au Mont-d’Or, dont le temple sera détruit en 1686 en application de l’Édit de 1685 (Révocation de l’Edit de Nantes).
1787 : L’édit de tolérance donne un état civil aux protestants 2 ans avant la Révolution. La communauté protestante de Lyon a à peine le temps d’apprécier cette situation nouvelle que la liberté de conscience lui est donnée en 1789, avec l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme, puis la liberté de culte accordée, enfin, en 1791.
1803 : la Loge du Change est affectée au culte réformé à Lyon.
L’Église Réformée de Lyon est concordataire : les pasteurs sont payés par l’État.
1832 : le pasteur Adolphe Monod, en rupture avec l’Église Réformée, fonde l’Église Evangélique de Lyon, installée passage Thiaffait, où l’hospitalité est donnée aux allemands pour célébrer le culte dans leur langue. C’est l’origine de l’Église Luthérienne de Lyon, établie depuis 1892 rue Fénelon. De même, les anglais jouissent de cette hospitalité. Ce sont les débuts de l’Église Anglicane à Lyon.
1857 : l’Église Evangélique s’installe dans la chapelle de la rue Lanterne.
1825 : naissance de la Société Protestante de Prévoyance et de Secours Mutuel (la première en France).
1830 : création de la Bibliothèque Populaire Protestante de Lyon, visitable aujourd’hui encore dans les locaux du Grand Temple, quai Augagneur. L’Infirmerie Protestante apparaît rue des Fantasques, dès 1844, et s’installe cours des Chartreux (cours Général Giraud) en 1884. Sont ouverts aussi les « asiles » pour personnes âgées : Maison Marguerite Déthel et Maison Albert Morlot.
1884 : inauguration du « Nouveau Temple » (quai Augagneur) par le pasteur Jules Aeschimann père. Le projet est conçu par l’architecte lyonnais Gaspard André. Il intègre les écoles protestantes dans l’immeuble aujourd’hui 6, cours de la Liberté.
1905 : en application de la Loi de Séparation de l’Église et de l’État, des associations cultuelles sont fondées à Lyon dès 1906, auxquelles l’État attribue les temples. Celui du Change reste propriété de la Ville de Lyon.
1938 : au Synode qui se tient au Change, l’Église Réformée de France retrouve une certaine unité. L’Église Réformée de Lyon et l’Église Evangélique entrent dans la nouvelle Église.
Entre 1940 et 1945, des protestants prennent une part active aux mouvements de résistance. Juillet ‘40 : des pasteurs, par leurs prédications, marquent leur refus du régime de Pétain et dénoncent les lois antisémites. Roland de Pury, pasteur de l’Église Réformée de la rue Lanterne (Terreaux), est arrêté par la Gestapo alors qu’il allait commencer le culte de Pentecôte.
Son transfert – en robe pastorale – puis sa détention au fort Montluc ont un fort retentissement. Les protestants lyonnais et les mouvements de jeunesse (Eclaireurs Unionistes, Union Chrétienne de Jeunes Gens U.C.J.G.) ne sont pas en reste : fausses cartes, lutte contre le S.T.O., soutien aux maquis du plateau du Chambon-sur-Lignon, aide au passage des juifs qui tentent de rejoindre la Suisse…
Le temple du quai Victor Augagneur, avec sa double entrée cours de la Liberté, sert de refuge à des familles juives.
En août 1942, l’armée secrète y établit son quartier général et le P.C. de la résistance.
Après 1945, le protestantisme connaît une nouvelle période d’expansion, avec l’implantation d’Églises nouvelles et une ouverture plus grande aux questions posées par la société. L’Église Réformée s’implante à Villeurbanne, Montchat, Bron, St Fons, Oullins, la Guillotière, Vaise puis Tassin… Les œuvres d’entraide se développent. Un Foyer Protestant de la Mission Populaire est créé à la Duchère. Le centre Pierre Valdo (au Point du Jour) trouve sa vocation dans l’accueil des réfugiés.
D’autres Églises se développent : l’Église baptiste (1942) rue Masséna, puis cours Vitton, l’Église Evangélique libre de la rue Louis, l’Église Evangélique du Réveil à Villeurbanne en 1958, la Mission Tzigane… L’Armée du Salut exerce ses actions dans le social et le témoignage.
À partir de 1980, les Églises protestantes resserrent leurs liens dans le cadre de la Fédération Protestante de France et mettent en place des actions communes : pastorale, aumôneries hospitalière ou des prisons…
Parallèlement, les contacts sont plus fréquents avec l’Église Catholique et les autres églises chrétiennes. Dialogues, cérémonies et mouvements œcuméniques se multiplient.
Les Protestants sont associés dès l’origine, en 1982, à Radios Chrétiennes en France (R.C.F., initialement Radio Fourvière). L’Église Réformée de Lyon est membre du CREL, le Comité des Responsables des Églises de Lyon, aux côtés des Églises catholique, orthodoxe, baptiste, anglicane. Enfin, le dialogue interreligieux et les relations fraternelles, jusqu’alors essentiellement tournés vers le Judaïsme, se développent avec les représentants de l’Islam.
1er octobre 1995 : un forum organisé par les Églises de la Fédération Protestante de France remporte un succès inattendu.
En 1998, à l’occasion du 400ème anniversaire de l’Édit de Nantes, 40 Églises, œuvres et mouvements de la Fédération Protestante organisent à la Halle Tony Garnier un forum régional : « Convictions et Tolérance ». Le culte présidé par le pasteur Michel Bertrand rassemble 4 000 participants.
En 2000, Lyon accueille le Synode National de l’Église Réformée de France. Au Palais des Congrès de Lyon, l’E.R.F. lance sa démarche « Débat 2000 — 2000 débats » avec 3 000 participants venus de toute la France et des invités de plusieurs pays : invitation au débat sur les questions de société, visibilité du témoignage chrétien dans la Cité, organisation d’une soirée avec dix animations en centre ville.
Organisation, en partenariat avec l’Université Catholique, de tables rondes sur la laïcité, la liberté religieuse, la tentation génocidaire… Suite aux attentats du 11 sept. 2001 aux U.S.A., l’Église Réformée de Lyon et l’Église catholique initient une célébration interreligieuse à la cathédrale St Jean pour appeler à la paix.
2003 : Proclamée « Année de la Bible » par les protestants d’Europe. Salon de la Bible et célébration de son bicentenaire au Temple du Change.
2007 : La paroisse du Change monte un grand spectacle public : « Bible en Lumière ».
2009 : à l’occasion du 500ème anniversaire de la naissance de Jean Calvin, les Archives Municipales de Lyon réalisent une exposition intitulée « Lyon 1562 capitale protestante », en partenariat avec l’Eglise Réformée et la Fédération Protestante.
Octobre 2012 : Après une année de travaux de rénovation et de mise aux normes, le Grand Temple est inauguré lors du culte de la Cité.
Mai 2013 voit l’aboutissement d’un processus d’union, suite à un travail commun de longue haleine : débats, décisions synodales, discussions théologiques, juridiques et économiques dans toutes les paroisses de France. Les Eglises Réformées et Luthérienne de Lyon sont partie prenante de ce processus au même titre que toutes les autres paroisses locales de France. Les Eglises Réformée et Luthérienne de France proclament leur union, à Lyon, lors d’un synode commun sous le nouveau nom de :
Eglise Protestante Unie de France.